Léonore

Depuis la disparition de leur mère, Gabi, lycéenne, vit avec son frère et l’amie de celui-ci. Ninou, la grand-mère, veille à quelques rues de distance. Gabi découvre bientôt qu’elle est enceinte, d’un inconnu. Elle décide de garder l’enfant, une petite fille qu’elle prénomme Léonore.
Elle le dit elle-même (p. 144), la narratrice Gabi ne se sent pas encore une femme, et pourtant elle va avoir un enfant. Pourquoi une telle obstination alors qu’elle est seule, très jeune ? Ninou diagnostique un lien avec la mère partie trop tôt : la petite Léonore est pour Gabi un puissant moyen d’avancer, une revanche de la vie sur la mort. Frédérique Niobey donne ainsi des clés aux motivations de son héroïne, mais concentre avant tout le roman sur le ressenti quotidien de la jeune fille, rythmé par les évolutions physiques. Les préoccupations matérielles sont vite réglées par l’accueil chaleureux chez Ninou, et il n’y aura pas non plus de jugement sur le statut de fille-mère : les regards au lycée s’effacent devant le soutien des copines les plus proches. La place est alors libre pour les rêveries de Gabi, d’abord un peu inquiète puis qui s’enferme dans une bulle de bonheur au fur et à mesure que son ventre s’arrondit. Les mots sont tendres, les phrases courtes et souvent poétiques ; tout doucement, l’auteur dépasse le contexte de son ouvrage pour atteindre à un universel sur la maternité, fait de joies, de doutes et d’attente. Un très beau roman qui surprend, pour des lectrices à partir de 15 ans.