Les ailes de la Sylphide

En regardant le ballet de Giselle, un soir de Noël, Lucie décide à sept ans de devenir danseuse. Des années plus tard, étudiante au conservatoire, elle est choisie pour incarner la Sylphide, l'héroïne de son ballet préféré. L'adolescente est ravie d'avoir décroché le rôle. Quelques jours plus tard, la jeune femme sent, au creux de ses omoplates, des ailes. Tout d'abord effrayée par cette découverte, elle apprivoise petit à petit cette étrangeté. Partie se reposer chez ses parents, elle découvre dans la forêt jouxtant la maison un nouvel univers peuplé de créatures fantastiques plus ou moins sympathiques : sylphes, gnomes, salamandres... Désormais, Lucie se sent tiraillée entre ces deux mondes. Mais ni l'un ni l'autre ne lui offrent la protection nécessaire pour fuir Tahur, l'abominable salamandre.

C'est une vingtaine de pages avant la fin que l'auteure nous donne les clés de ce récit fantastique, dans tous les sens du terme. Pour survivre aux assauts d'un abuseur - son professeur de piano -, Lucie s'invente un monde. Elle rêve d'avoir des ailes pour échapper à son agresseur. La honte étant trop forte, elle reste seule avec son terrible secret, surveillant son poids, maîtrisant son corps, jusqu'à mettre sa vie en danger. Heureusement, une porte s'ouvre, laissant la place aux mots, douloureux et libérateurs. « Aujourd'hui, je ne rêve plus d'être une Sylphide. C'est sur l'amour que je compte pour me donner des ailes. » C'est une histoire remarquablement bien écrite, originale et surprenante sur un thème délicat, mais ici, magistralement traité. A partir de 12 ans.