Les chants de la lune noire (Tome 1)

Il y a deux cent mille ans, un garçon du clan des Roches Blanches reçoit son nom après qu’il a chassé son premier animal : Feu Hurleur. De son côté, Fleur Ciel quitte précipitamment le clan de l’Eau Verte attaqué par des loups. Les deux jeunes vont se rencontrer, et ne plus se quitter malgré l’animosité de certains du clan de Feu Hurleur.
Les fictions se passant à la Préhistoire ne manquent pas en littérature de jeunesse. Yves Bulteau ne révolutionne donc rien, mais met en place une trilogie tout en finesse. Il se glisse dans ce monde ancien à travers le personnage d’un conteur, encore à la Préhistoire mais plus proche de nous, qui perpétue l’histoire de Feu Hurleur et Fleur Ciel à travers les âges. Ce procédé de mise en abyme rythme le roman en « chants » qui constituent des scènes chronologiques, et apporte un certain suspense. Le récit est censé avoir valeur d’apprentissage pour les deux enfants qui écoutent le conteur. Ensuite, les aventures de Feu Hurleur et Fleur Ciel –légèrement plus évoluée, et surtout très indépendante – sont assez classiques : survie, résistance face aux superstitions du groupe... Elles sont rendues captivantes car racontées au discours indirect libre : à aucun moment, le lecteur ne perçoit une distance par rapport à ce qui est dit, et on chasse les « grognants nez plat », les « nez corne », on pêche les « sans pattes », on a peur des « hurleurs » ou des « longues dents » avec autant de ferveur que les personnages. Une histoire d’amour entre les deux héros est sur le point d’éclore, si bien que la lecture du deuxième tome semble évidente…