Olia, nous ne la verrons pas. Enfin, si sur la couverture, petite fille comme tout droit sortie des années 1970 – les décors seront à l'avenant. Souvent, Olia est contrariée par l'attitude d'un de ses proches ; elle trouve alors le moyen de se transformer en animal, de façon à faire peur à sa famille, et pour de vrai ! Elle devient poule face à sa mère, poisson dans le bain avec sa tante, ours au moment des repas, etc. Seule la grand-mère trouve grâce à ses yeux, et Olia se fait alors oiseau des îles enchanteur. La fin est violente, tout en éclairs et orage, mais ne vaut pas la finesse de la phrase ultime, réflexion sur le fait de perdre en fantaisie lorsqu'on grandit...

Basée sur une répétition (la transformation), l'histoire ne cesse cependant de se réinventer, et les choix d'animaux sont cocasses, intéressants. La typographie austère, le beau dessin en crayons et pastels vifs tranchent, hyper-réalistes quand tout inviterait au flou de l'imaginaire. Confrontée à sa famille, la narratrice Olia opte pour le « tu » complice au lecteur : qui ne se retrouverait pas dans ces petites colères de l'enfance ? De crises minimes en incompréhensions tues, l'héroïne utilise littéralement la métaphore animalière pour s'exprimer et trouver sa place. Bien tourné autant dans le fond singulier sous la simplicité que dans la forme paradoxalement classique, Les Métamorphoses d'Olia séduit par son approche au plus près des émotions. Petite cerise sur le gâteau, l'album est issu de la littérature jeunesse russe, très peu traduite en France.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Toutes les fois où cela ne va pas, Olia se transforme, en poule, en éléphant, en chiot, en ours ou en oiseau des îles pour cacher ses peurs, ses déceptions, ses colères... et puis l'orage éclate.