L'ogre odieux

« Je suis invulnérable, imbattable, invincible, intouchable, inattaquable. » C'est en ces termes que se définit l'ogre le plus grand, le plus cruel et le plus laid qui sévissait en ce temps-là. Cependant, personne ne peut confirmer ses dires puisqu'il ne fait qu'une bouchée des humains rencontrés. Après avoir siesté dans un fourré, en savourant son sentiment d'indestructibilité, il part en quête de son dîner. A la recherche d'un amuse-gueule, il aperçoit une petite maison isolée entourée de fleurs. Une jeune fille plutôt jolie arrose son jardin. Mais rien ne fonctionne comme prévu, cette petite que rien n'effraye propose à l'ogre de se brosser les dents, de se peigner les cheveux, de manger des muffins et de changer de comportement ! Angoissé et désarçonné, l'ogre succombe à tant de générosité.

Cet ogre animé du sentiment de toute puissance n'est en réalité qu'un monolithe solitaire. Cette absence d'humanité le prive de relations avec autrui, et le laisse en plein désarroi émotionnel face à cette jeune fille qui lui montre un autre chemin. Pris à son propre piège et dans l'incapacité de changer, il préfère mourir plutôt que de s'ouvrir. Si vous croisez un ogre sur votre chemin, apprenez que « le plus vulnérable n'est pas toujours celui que l'on croit ». Illustré avec talent et humour par Jules Feiffer, créateur notamment de l'excellent Aboie, Georges !, ce conte sur le courage de l'affrontement donne des ailes et prête à rire tant ce monstre se montre ridicule.