L'ours à collier

« L’ours qui regarde par la fenêtre, là, s’appelle l’ours à collier ». Effectivement, l’illustration nous prouve la présence de l’ours et cette interpellation distanciée donne le ton. Au centre de la fenêtre d’une maison où fume une cheminée, perdue au bout d’un chemin, au milieu de la tourmente, apparaît une grosse tête d’ours,sympathique, noire dans un décor hachuré gris, noir et blanc. Ainsi commence l’histoire de Monsieur l’ours. Chaque page dévoile un aspect de sa vie tranquille : tous les matins, sauf les jours de bain, il met son collier ; il déjeune. Il est curieux, le monde l’attire, alors, il apprend les langues, voyage en train ou en mobylette. Quand il est triste, il allume « un petit bâton d’étincelles ». Il a un ami, un poney rond avec qui il joue au foot ou mange des biscuits en hiver…
Raconter l’histoire n’a pas beaucoup d’intérêt puisque c’est une anti-histoire, rien ne se passe ou presque, sauf le temps, répétitif, tantôt bon, tantôt gai, tantôt mélancolique. On pense à Hippopotame réveille-toi d’Altan pour l’histoire simplissime et incongrue ou à John, Rose et le chat, pour le graphisme et le sentiment du temps, habité par des présences anciennes. Tout le plaisir de cet album tient à la poésie qui se dégage de l’illustration, graphisme minimal en noir et blanc ; au jeu entre le texte plat et l’ours tout rond, massif, heureux avec sa petite fleur sur la tête. On ne sait trop si on doit envier sa sagesse ou le plaindre de se son contenter de si peu. Enigmatique et tendre, à adopter… L’ours à collier, un bijou !