Max et les poissons

Max a sept ans… jusqu’à demain, et cela l’occupe beaucoup ! Il ne pense qu’à son anniversaire, moment magique où on se sent le centre du monde. Il est sûr d’avoir un deuxième poisson rouge pour tenir compagnie à Auguste, celui qu’il a eu parce qu’il travaille très bien. Il vit heureux au milieu de ses parents et de sa sœur Hélène, un peu troublé par les événements extérieurs, les soldats allemands dans les rues, l’étoile jaune cousue sur ses vêtements et le couvre-feu qui ramène quand même Papa de bonne heure à la maison. Max écoute mais n’entend pas, ne comprend pas ce qu’on pressent, ce qui se dit sur une « rafle ». Il est centré sur son anniversaire et les plaisirs qu’il en attend.
La rafle a lieu mais elle a nom Lilas, Grenelle, Palais des Sports, Drancy. Les noms s’égrènent selon un itinéraire qu’ignorent Max et ses parents. Comme par hasard, par accident, la séparation a lieu. Ensuite, Esther s’appelle Julie ; Antoine s’appelle Sacha ; Max s’appelle François. Il est manipulé, ne comprend pas.

Sophie Adriansen écrit avec une très grande simplicité par chapitres brefs, un roman de l’innocence bousculée, à l’instant où tout bascule. Le lecteur, par-dessus l’épaule de Max, voit tout par ses yeux, on partage son étonnement, son incompréhension, sa perplexité. Le temps semble élastique, lent ou rapide selon les événements et la conscience qu’il peut en avoir.
La force émotive du destin de Max, la façon dont l’Histoire broie les individus est opportunément complétée par un petit dossier documentaire. L’information lacunaire comprise à travers le récit s’enrichit des éclaircissements apportés qui favorisent la compréhension historique des faits pour de jeunes lecteurs.
Quelques illustrations de Tom Haugomat, noir et blanc, figées aux visages invisibles accompagnent intelligemment ce texte sensible et fin. Un beau roman à partager.