Méchant !

Croch’patte a toujours faim, et comme sa mère n’a pas le temps de lui préparer de deuxième goûter, il vole celui des autres. Biquette n’est pas décidée à se laisser faire, elle a bien compris que Croch’patte était plus malheureux qu’il n’y paraissait…
L’auteur des Fabulettes écrit aussi pour le théâtre jeunesse, et, comme d’habitude, elle crée en peu de mots et de détails un univers tout à fait crédible. D’une part il s’agit ici d’un conte, sur le mode traditionnel de la chèvre et du loup qui mange tout, et une variation vers la fin sur leurs substituts africains, le crocodile et la grenouille. D’autre part nous sommes concrètement dans une cour de récréation, avec ses « cri[s] qui tue[nt] » (p. 15), ses ceintures de karaté multicolores pour plus de pouvoir (p. 31), ses moqueries sur les prénoms, etc. Les deux enfants tournent l’un autour de l’autre, Biquette la maligne révélant les fêlures cachées de Croch’patte afin de s’en faire un ami. La fable est limpide, attendue, laisse toutefois dans une certaine ombre les raisons qui poussaient Croch’patte à la boulimie (une mère absente ?). La mise en scène facilitée par l’unité de lieu et de temps, le nombre limité de personnages et le vocabulaire proche des enfants rend cette petite pièce accessible dès 7 ans, en espérant qu’elle fasse revenir les Croch’patte sur leurs intentions agressives !