Mizu et Yoko. S'envoler

Les jeunes lecteurs connaissent déjà Mizu le pingouin et Yoko l’ours polaire. Ils savent que Yoko a sauvé Mizu de la solitude et qu’il a découvert le prix de l’amitié. Laurie Cohen et Marjorie Béal poursuivent avec ces deux personnages l’apprentissage des sentiments et des émotions.

Sur leur banquise, tournant le dos à Yoko qui prépare les sardines sur la braise, Mizu regarde un hélicoptère. Le nez en l’air, tout à coup, il apprend ce que veut dire « voler » et immédiatement, éprouve le violent désir de tutoyer les nuages. Ce n’est pas Yoko, appliqué à apprendre à tricoter, qui va l’aider. Qu’à cela ne tienne, Mizu ne manque pas de détermination et d'inventivité : une catapulte et c’est la catastrophe ; un bonnet ailé comme un hélicoptère et Mizu tombe par terre. Chaque épisode se termine par la tendre sollicitude de Yoko qui arrive pour soigner Mizu et réparer les dégâts. Le récit est découpé en saynètes à la fois répétitive dans leur scénario (tentative d’envol, échec, soin de Yoko) et construites crescendo : d’abord un petit pansement (il est joli ; on dirait une barrette) puis un bras cassé, puis…. ?

Le dessin tout en nuances de Marjorie Béal sert le propos, on est ému sans mièvrerie parce que Mizu se fait plaindre mais l’envie de réussir est plus forte. Les attitudes de Yoko traduisent sa compassion mais aussi son incapacité à convaincre Mizu. Ils forment un duo chaleureux, attentifs l’un à l’autre, même si le désir d’ailleurs surpasse l’amitié. La dernière image montre Mizu s’envolant, une aile bandée pendant que Yoko se cache les yeux de frayeur et que Mizu déclare « ça y est, je vooooole ! ». Les auteures laissent au lecteur le choix de la suite... 

Un album délicat pour comprendre qu’il n’y a pas d’apprentissage sans risque et que, quel que soit ce risque, grandir est synonyme d’envol. Un beau programme.