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Date de publication
Age-cible

A moitié vide

Roman
à partir de 13 ans
: 9782246750819
7.10
euros

L'avis de Ricochet

Violaine, 15 ans, tombe sur un message envoyé au portable de son père : « Bertrand, mon amour, tu ne peux pas savoir combien tu me manques.je voudrais me serrer contre toi, t’embrasser, te lécher, Bertrand, gros matou. Ta chatte. » Déboussolée, révoltée, elle réalise avec horreur que son père a une maîtresse. Le soir même, au dîner, elle mange sans pouvoir s’arrêter, comblant le vide qui se creuse en elle. Son père rentre de plus en plus tard, et lors d’une dispute entre ses parents, Violaine leur crie la vérité : « T’es qu’un salaud, papa ! Casse-toi ! Ou alors aie assez de couilles pour avouer à maman que tu la trompes ! » Une fois l’abcès crevé, les disputes deviennent quotidiennes. Violaine noie son malaise dans la nourriture, et devient boulimique, tandis que son frère est vissé à son MP3. Les enfants se rallient à la cause de la mère, et Bertrand, père renié, quitte la maison. Au fil des semaines, les douleurs s’apaisent, Violaine guérit, mais son cœur pourra-t-il pardonner ?

A moitié vide raconte l’histoire vécue par de nombreux enfants et adolescents : la séparation des parents. Et s’il s’agit d’un fait courant aujourd’hui, il n’est pas moins accompagné d’un cortège de traumatismes : les parents qu’on entrevoit homme et femme, pleins de faiblesses et de désirs, la famille qui vole en éclats, la perte de repères etc.
A travers le monologue intérieur de Violaine, on ressent toute cette souffrance, cette colère qui gronde : « Cette bonne femme, si je la rencontre un jour, je lui pète la gueule. Que vient-elle foutre dans notre vie ? Qu’a-t-elle besoin de s’attaquer à un homme marié et père de famille ? je la haïs sans la connaître. » (p.28)
Le roman est dédié à « tous les enfants déchirés entre leurs parents », et effectivement, les deux adolescents n’hésitent pas à se ranger aux côtés de leur mère. Le père est celui qui trompe, ment, n’aime plus, quitte. On peut regretter que ce personne ait tous les tords. On perçoit également son malaise (« L’admiration qu’elle me portait, cet amour étouffant… Et puis, il y avait ton frère et toi… J’ai tout tenté pour retrouver la flamme du début, je me suis dit que c’était un passage » p.76), mais il est si maladroit que même le lecteur n’a pas envie de lui laisser sa chance. Le roman aurait sans doute gagné en profondeur avec un personnage de père moins buté, davantage touché par la douleur des siens.
Suffocant de douleur, Violaine sombre dans la boulimie. Elle en prend conscience dès le début « je me sens tellement vide que j’éprouve une irrépressible envie de me remplir. Comme si la nourriture ingurgitée allait me permettre de combler mon sentiment de malheur. » (p.17). Sa capacité à auto-analyser sa boulimie et son mal être semble un peu artificielle. La scène où elle vomit sur son père est un peu gâchée par ce recul : «  Jouissance. Il n’y a pas d’autre mot pour traduire ce que je ressens. Je te vomis, père indigne ! Si je l’avais voulu, jamais je n’aurais pu réussir ça. (…) Trop fun ! » (p.106)
Cette analyse de la crise familiale par l’intérieur permet une identification touchante du lecteur au personnage de Violaine, mais le recul du personnage face à la situation, le ressassement de sa douleur, associés au thème de la boulimie, font parfois tomber le roman dans le mélo, voire le scénario de mauvais téléfilm.
La voix de Violaine, juste et révoltée, parlera au cœur des adolescents et des adultes qui ont vécu la même histoire familiale. Si le ton frôle parfois le mélo, on perçoit une réelle intention d’écriture.

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