Mon ami le banc

Dans la cour de l’école règnent quatre filles qui terrorisent tout le monde. Elles s’en vantent et aiment particulièrement assaillir Mûre qu’elles surnomment Truc. Mûre est sur le banc. Heureusement pour elle, elle intéresse Gilles, un garçon de sa classe et à eux deux, ils vont dépasser la petitesse de leurs détractrices.

Est-ce le prénom qui déréalise le personnage ? Même si on connaît tous des fillettes isolées, souffre-douleur ou bouc émissaire, le couple que forme Mûre avec Gilles dit Moineau ne fonctionne pas bien trop convenu sans doute ou trop attendu. Les adultes, mère, maîtresse, absente ou lénifiante sont pareillement stéréotypées. Le chœur des harpies ne manque pas de relief même si elles ressemblent à des porte-noms, Grave, Grande Peste, Petite Peste, Cruelle : on sait tout d’elles à entendre leur prénom. Terreurs aux petits pieds, ces caïds de l’école primaire, sans aucun doute pourrissent l’ambiance de la cour de récré mais elles donnent l’impression de surjouer.
Scéniquement, on voit bien le banc central, lieu de la ronde des sorcières et Mûre au milieu mais ni les situations ni les personnages n’offrent véritablement de surprise. Le langage relâché des filles cumule les tics syntaxiques, mime un langage jeune sans faire rire, comme autrefois on mimait un parler paysan. Les monologues de Mûre expriment fort son désarroi et sonnent juste. Dans cette édition de théâtre album, les illustrations de Chloé Pérarnau éclairent quelques temps forts de l’action et permettent de mettre des images sur les maux. Mais, en dépit d’un thème intéressant, toujours d’actualité et de notations vives sur l’école et ses tourments, l’émotion peine à naître. Trop didactique, tout allait mal pour Mûre au début, le happy end vient trop vite ! On est content pour elle mais on n’y croit pas vraiment.