Mon père

Simon, seize ans, n'aime pas l'école. Sa mère Zoé, de guerre lasse, le laisse partir avec son père Bernard, électron libre qu'elle ne voit plus guère, direction le sud de la France en moto. Simon est d'abord ravi de cette nouvelle vie de liberté. Puis, peu à peu, il se rend compte que son père n'a pas véritablement donné de sens à son voyage. De lui-même, il décide de revenir avec Zoé et de reprendre les cours.


Simon lui-même raconte cette errance « on the road » qui nous plonge dans un univers disparu, celui de la jeunesse sans doute un peu hippie de Bernard. Le jeune homme apprécie la présence paternelle, fait l'expérience d'un retour à la nature et de rencontres inopinées qui l'enrichissent. Le fait que la réalité reprenne le dessus se fait de manière transparente mais presque entièrement vers la fin du récit : le lecteur sent le héros glisser vers une préoccupation de l'avenir à la fois abruptement et très naturellement. L'impression est un peu étrange, on y adhère cependant sans hésiter, en empathie complète avec le héros. Tout se passe comme s'il fallait que Simon vive ces moments en-dehors du temps pour revenir ensuite vers la société – et ses contraintes, il en a conscience. Reste le plus important, le beau lien père-fils qui se sera créé pendant cette échappée, in extremis au vu de la fin cruelle. Simon a gagné de l'aventure une confiance en soi, un amour de la vie qui n'a pas de prix. Et, l'air de rien, l'éducation de Zoé et Bernard (Simon les appelle ainsi) aura certainement été une grande réussite... Un beau roman des sentiments servi par une impeccable écriture.