Né de mère inconnue

François, 16 ans, adore réparer de vieux ordinateurs. Un jour, il découvre dans un vieux disque dur le journal intime d’une secrétaire médicale. Elle parle d’un cas d’une jeune femme ayant accouché sous X. Coïncidence : le meilleur ami de François, Just, enfant adoptif, a le même âge et la même région de naissance que l’enfant évoqué dans le journal. François mène son enquête. Parallèlement, on découvre que Just est atteint d’une leucémie et qu’il attend rapidement une greffe de rein. François retrouve alors la mère biologique de Just qui accepte de faire don d’un rein à son fils sous la promesse qu’il ne lui soit rien dit sur elle. François sauve son ami.

Le roman est court. Emouvant, fort, il ne s’embarrasse pas de digressions inutiles et va à l’essentiel pour le narrateur François : dire ou ne pas dire à Just une vérité qu’on soupçonne, agir dans l’urgence sans blesser personne. Ce faisant, on passe outre l’espèce de sentiment d’invraisemblance de la découverte du journal intime, et les facilités déconcertantes des démarches de François pour retrouver la mère de Just. Trois thèmes dominent : l’accouchement sous X, la maladie grave, et aussi et peut-être surtout l’amitié. François en donne la plus belle preuve qui soit : sauver la vie de quelqu’un en acceptant que celui-ci ne le sache pas. Ne se confiant à aucun adulte (même pas sa mère infirmière), François, très mature, porte un lourd poids sur ses épaules. C’est finalement lui, concerné par rien, qui se retrouve au cœur du roman : on ne fait qu’entrevoir Just, dont la psychologie n’est que suggérée. L’histoire que narre Philippe Barbeau aurait pu être ennuyeuse car trop pédagogique, lourde car trop sentimentale. L’auteur a su trouver la juste mesure dans ce beau roman au titre malheureusement plat.