Nop

Sur une douce palette aquarellée, Caroline Magerl nous embarque avec Nop, l’ourson en peluche un peu râpée, dans une fantaisie poétique et joyeuse.

Inspirée par James M. Barrie et Roald Dahl, l’artiste imagine le Dépotorium des objets perdus, au cœur duquel au soir tombé, à la lumière des lampions, chacun s’affaire et s’entraide : il s’agit de séduire de futurs acheteurs, pour sortir de l’entrepôt poussiéreux et sombre…  Au milieu de l’agitation, le descendant de l’ours en peluche de Mini Bill¹, Nop l’ourson solitaire, uniquement équipé d’un nœud papillon rouge, décide de s’envoler par lui-même. Pour cela, il assemble, coud, une immense montgolfière qui s’élève dans le vent, au-dessus des toits de la ville sombre, vers un endroit de rêve… Des personnages héritiers des figures fil de fer de Quentin Blake, fragiles et dynamiques, fripés et radieux sous les lampes, dansent et rêvent dans un univers transformé par la magie d’une vision d’ourson rêveur. Petit équilibriste à la pointe d’un fauteuil juché lui-même sur une pile de malles, Nop s’envole en pensée avec tous ces lumignons de couleurs vives.

Cette diffusion de la lumière dans la couleur de Caroline Magerl, travaillée tout en finesse, est la source de l’enchantement qui naît de la lecture de cette aventure extraordinaire. Elle la fait surgir de l’ombre bleutée, patinée de teintes grises et beiges : boules dorées, pastilles de rose éclatant, de jaune acidulé, bientôt rassemblées dans le cœur de la vaste corolle blanche d’une fleur volante qui brave les ciels ombrageux. En s’éloignant des toits gris et mauves, elle emmène Nop et le lecteur vers un monde lumineux, verdoyant, luxuriant. Un monde merveilleux, comme cette charmante histoire.

1. Dessiné par Eva Eriksson, avec un texte de Barbro Lindgren. Publié à L’école des Loisirs