Olivia Kidney

Olivia emménage à New-York dans un immeuble dont son père est gardien. Un soir, elle oublie ses clés, une voisine l’invite. Olivia va faire le tour des appartements, tous plus étranges les uns que les autres, et tenter de comprendre le mystère des habitants du 6D… De toute façon, la petite fille est prête à admettre beaucoup de choses depuis qu’elle s’initie au spiritisme afin d’entrer en contact avec son frère Christopher, décédé.
L’exploration d’un immeuble est un procédé classique du roman sociologique. Il est ici complètement détourné, mais très plaisant. Il faut se laisser porter par l’univers farfelu d’Ellen Potter : les logements sont en verre, envahis de jungle… et habités par des personnalités bien trempées, aux histoires incroyables qui constituent des petits récits dans le récit. Un narrateur externe suit Olivia dans ces rencontres délirantes qui l’amènent à reconsidérer le concept de « normalité ». ce faisant, elle est mise en condition d’accueillir l’idée d’un lien possible avec le monde de l’au-delà, dans la dernière partie. L’histoire fantastique du jeune Branwell s’ancre dans le passé de l’immeuble, il y est question de deuil, d’acceptation du changement : des sujets qui vont parler à l’héroïne, plus touchée qu’il n’y paraît par le décès de son frère. L’auteur saupoudre en effet son roman de gravité, avec des détails forts, telles ces petites poupées à l’effigie d’Olivia et de celle de son aîné, que la petite fille conserve religieusement. Solitaire et réfléchie, elle est une medium ; parrainée par la fantasque Mme Brenda, elle va pouvoir entrer en contact avec Christopher. Le mélange d’humour loufoque et de tristesse, la façon inattendue de traiter de la mort peuvent mettre le lecteur mal à l’aise, Olivia Kidney n’en est pas moins une œuvre profondément originale et sensible, à lire sans hésitation.