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Date de publication
Age-cible

Olivia Kidney et l’étrange maison de l’au-delà

Sélection des rédacteurs
Nathalie M.-C. Laverroux
Roman
à partir de 12 ans
: 2020930730
11.00
euros

L'avis de Ricochet

Le père d’Olivia, gardien d’immeuble, est embauché dans une étrange maison complètement emplie d’eau, où on se déplace en barque. Ansel Plover, le propriétaire, est accueillant mais mystérieux : il reçoit, uniquement la nuit, de nombreuses visites. Olivia veut en savoir plus et découvre qu’Ansel a pour mission de préparer les gens à l’idée de leur mort prochaine…

Le lecteur retrouve ici l’Olivia d’Olivia Kidney, jeune adolescente solitaire, ballottée d’immeuble en immeuble par l’incompétence de son père adoré, et qui a la particularité de savoir communiquer avec les âmes des défunts, à commencer par celle de son frère aîné Christopher. Une jeune fille étrange, sympathique mais difficile à cerner d’autant plus que c’est un narrateur externe très neutre qui nous narre ses aventures. Ellen Potter réintroduit aussi des personnages du premier tome, deux figures maternelles étranges qui construisent à leur manière Olivia : la princesse babatave Christina Lilli et la coquette medium Mme Brenda. Comme le titre le laisse deviner, la thématique flirte encore avec la mort et le spiritisme, et c’est une Olivia impressionnante, très forte, qui manque voir son père décéder d’une intoxication alimentaire ou qui essaie de faire plaisir à Christopher en s’essayant au skate-board. Cette gravité inusuelle est un peu allégée par la fraîcheur des détails loufoques, petites touches d’humour bienvenues (« Cher M. Kidney, vous m’êtes chaudement recommandé en tant qu’homme à tout faire […]. Vous avez, paraît-il, une personnalité agréable, et une bonne hygiène dentaire. », p. 25 ; Olivia s’assoit sur ses chips pour en faire des miettes si bonnes dans un hot-dog ; en Babatavie, les bébés portent des perruques, etc, etc). Mais, comme dans le premier tome, ou comme dans Too Much, l’imaginaire puissant de l’auteur sert au fond à remuer l’inconscient des angoisses collectives : le théâtre stygien (du Styx, ce fleuve qui sépare le monde terrestre des Enfers dans la mythologie grecque) où l’on répète sa mort, la maison immense, son long couloir sombre aux multiples pièces qui contiennent chacune un secret (élément récurrent chez Ellen Potter)… mettent mal à l’aise le lecteur, directement conduit à une réflexion sur le deuil, l’arbitraire voire l’injuste de la mort. La fin donne une relative et heureuse stabilité à la jeune Olivia, assurée de ne plus déménager pour un moment, en même temps qu’elle prépare une ouverture pour un troisième tome. Malgré un intérêt certain du sujet, et un traitement brillant, ne risque-t-on pas de tourner en rond ?

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