Petite peur

« Je voudrais déjà savoir comment c’est d’être grand sans peur »…

Peur de la nuit, de l’école, de la récré, de la forêt, Petite peur, vraiment ? Seuls l’odeur de Maman et ses bras enveloppants semblent capables d’apaiser ces frayeurs qui poursuivent le narrateur et contre lesquelles il se débat.
Chaque épisode du récit à la première personne détaille une peur spécifique. Le héros fait front en affirmant haut et fort qu’elle n’a « aucune chance » contre lui. La vivacité de sa parole et la réitération de son discours d’auto persuasion rendent compte de cette bataille presque victorieuse. À la fin de l’histoire, l’enfant regarde sa peur en face et sourit.

Les illustrations d’Anne-Lise Boutin traduisent bien ces ambiguïtés : son coup d’œil circulaire lorsque le narrateur est dans la campagne, ses membres démultipliés lorsqu’il grimpe les escaliers pour aller plus vite que la nuit, sa petitesse sous le regard de la maîtresse ou quand il fait face au monceau de lettres et savoirs à maîtriser aboutissent peu à peu à un retournement de situation, jusqu'à ce qu'il se trouve confronté au lecteur, assis devant lui, dans une posture d’accueil, autonome enfin.
Le récit de Cécile Émeraud est tendu vers cette fin rassurante et la gentillesse de son petit héros, ainsi que la familiarité des situations permettront aux lecteurs de compatir, de s’identifier et d’apercevoir, peut-être, le bout du tunnel...