Peut-être oui

Dans la lignée de Pour vivre, « presque poèmes » parus en 2005, Bernard Friot nous offre aujourd’hui Peut-être oui. Il s’adresse toujours à un public adolescent, dont il exprime les hésitations, le mal-être, les élans de vie et de mort. L’ouvrage se lit d’une traite – on sent alors celui qui dit « je » passer sans cesse d’une humeur à l’autre – ou par petits bouts, on déguste alors la poésie des mots que Bernard Friot agence avec art. Bien que tiraillé par l’idée de la vieillesse, la peur de l’amour, l’angoisse face à un monde dur, le « je » narrateur rebondit toujours vers un nouveau départ, vers l’avenir. Le dernier vers, « je vivrai », est d’ailleurs éloquent. Optimiste et nuancé, le texte qui fonctionne sur le principe de la double-page est servi par les illustrations modernes d’Elisabeth Ferté. Des taches de couleurs sur un fonds uni forment les contours d’une scène à l’esthétique souvent urbaine, et plus ou moins en lien avec l’idée évoquée par la poésie (par exemple, la couleur rouge pour la notion de danger, le dessin d’une gare pour l’intention de partir…). La place des mots dans la page, leur typographie, l’absence de majuscules et de ponctuation finissent le jeu visuel qui fonde la collection. L’ouvrage est beau, sensible et relativement accessible dans sa lecture, mais sera-t-il choisi par les adolescents ? Une fois de plus, le conseil du libraire, du bibliothécaire… prend tout son sens.

Pour finir, un extrait en guise de mise en bouche :

« au moins

j’ai les mots

Je ne les aime pas

vraiment

ne joue pas avec eux

ils ne sont pas à moi

je les prends les assemble les polis à ma voix

c’est suffisant »