Peut-être que le monde...

Peut-être que le monde a commencé par une nuée d'étoiles noires, ou peut-être que du bleu, beaucoup de bleu s'est propagé, l'eau donnant alors vie aux animaux marins, peut-être que c'est le feu qui a créé le monde, s'engouffrant dans la terre pour la réchauffer. Chaque version est plausible et illustre un moment possible de la naissance du monde. Ce qui est magnifique dans ce splendide album d'Alain Serres, c'est la liberté d'imaginer les tout débuts de la création. Chloé Fraser met en scène ces mots peu nombreux en attachant beaucoup d’importance aux couleurs qui sont pures et saturées : noir, bleu, rouge, vert expriment la force et le mystère du tout début. Arrivent les animaux et « la grande histoire qui a suivi ».

Alain Serre et Chloé Fraser finissent l'histoire sur un espoir de continuation : sur une double-page toute jaune, ils nous suggèrent que « peut-être que le monde va nous donner envie d'inventer avec lui, pendant des milliards d'année encore, des milliards d'autres sublimes histoires ».

L'album se termine sur une touche terrible qui suggère que si nous continuons à mal caresser le monde, peut-être qu'il…

C'est une très belle image qui peut faire prendre conscience que nous sommes responsables de notre terre comme nous sommes responsables d'un animal qui nous est confié, l'histoire n'est pas terminée, à nous de la continuer. Cet album, à la fois doux, calme, grondant voire grinçant est une réussite complète.