Prune

Prune est une petite fille caméléon, une fleur non éclose, qui se cache et se fond dans le décor, en harmonie avec l’air, l’eau, les arbres. Mais, muette, elle vit au milieu du monde une solitude que rien ne dissipe et peu à peu monte l’angoisse de l’enfant parce que le vent et la mer ne suffisent pas à la satisfaire. L’écriture se déploie lentement avec élégance, on éprouve très fort l’enfermement de l’enfant. Racontée à la troisième personne, on assiste impuissant à la tentative de l'enfant d’approcher le pêcheur. Pourtant, en la repoussant, celui-ci l’envoie vers les autres et au bout du compte, la rédemption vient de la maîtresse un peu ridicule aux petites lunettes rondes. L’illustration est presque systématiquement dissociée du texte comme deux lignes de lecture parallèles. La ligne fine du dessin flotte au milieu des pages blanches comme Prune qui ne sait comment communiquer. Quelques taches de couleur réveillent l’œil et suscitent le questionnement.

La construction de l’intrigue, le rythme lent, la tentation de la mort et la renaissance par le nom qui fixe l’identité, rappellent les contes d’Andersen. Il y a comme une parenté entre Prune et la petite marchande d’allumettes ou Prune et la petite sirène. Dans cette collection Loupiotte des jeunes éditions du Lampion, Prune est une bien jolie illustration du thème. En effet, elle brille modestement et laisse après lecture une petite lumière obstinée, une musique discrète, un charme.