Roberta a de grands yeux noirs; petite fille fleur, elle porte un regard étonné sur le monde qui l’entoure ou qu’elle imagine, et le dessine avec bonheur. Mais Garance la coccinelle conteste ce regard singulier. Jeanne Boyer met en scène un débat classique sur le sens et la qualité du dessin d’enfant et, à travers cela, elle donne à voir un processus de socialisation fondamental : s’exprimer, c’est être sous le regard de l’autre, dans l’intersubjectivité, l’avis de l’un contre celui de l’autre. Roberta, la narratrice, vit mal la critique de Garance.

Heureusement, Jeanne Boyer prend parti, les dessins de Roberta sont magnifiques, oniriques, colorés, vivants. Les modèles de bonhomme ou de soleil « comme il faut » opposés par Garance, blancs sur un tableau noir, sont tristement académiques. Le récit résout ce conflit, dans l’échange et le partage, il donne un modèle heureux de vie sociale. Sans nier les différences, les enfants font le choix d’un certain compromis qui les enrichit. Roberta passe du « je » au « on » c’est-à-dire du singulier au collectif et de l’amertume à la jubilation. Une belle leçon de vie et une première réflexion sur l’art et la création.

Danielle Bertrand

Présentation par l'éditeur

Roberta adore dessiner. Mais Garance, sa copine coccinelle, trouve qu’elle ne dessine pas comme il faut, que les humains ont cinq doigts et que le soleil doit être un rond parfait. Et si dessiner c’était justement tout ré-inventer ?