Voici un livre à défendre et à faire circuler, non pas pour son sujet – la discrimination raciale – mais pour la précision et la force de son texte. C’est une voix qui s’élève, puissante, volontaire. Celle de Rosa Parks, qui semble bien réelle sous la plume de Nimrod. L’écrivain trouve les mots de la révolte. C’est bien une colère qui agite tout le corps de cette Américaine noire, même si elle se montre toujours très calme et pacifique. « Je suis née à moi-même le soir du 1er décembre 1955 », jour de son arrestation pour « non-respect des lois ségrégationnistes dans le bus ». Après le procès, est mené un boycott de ces « bus de la honte », piloté par Martin Luther King. Enfin arrive le moment où les Noirs ont le droit de s’asseoir sur la même banquette que les Blancs. Rosa Parks est devenue célèbre mais sa vie est en miettes. Elle doit repartir à zéro, loin de l’Alabama. « Le Sud a trop de haine pour le Noir. » Le roman s’attache à décrire un moment clé de la vie de Rosa Parks, ce jour célèbre où elle a dit non à un conducteur de bus. Il imagine ce qui a pu se passer dans sa tête. Nimrod prête sa voix à Rosa, qui devient la narratrice du roman. Avec le « je » de Rosa, l’histoire devient palpable. Le lecteur s’approprie la lutte de l’héroïne, partage ses sentiments. En fin d’ouvrage, apparaissent quelques photos des personnages et événements cités, et des informations complémentaires sur la discrimination raciale et les combats d’aujourd’hui.

Pascale Pineau