San Francisco

La visite des plus belles villes du monde continue. Après plusieurs capitales européennes, après New York qui avait marqué l’entrée de la collection dans le Nouveau Monde, c’est au tour de San Francisco de passer au crible du regard de ce touriste poète qu’est Miroslav Sasek. Comme d’habitude, la réédition est fidèle en tous points à l’original, si ce n’est l’ajout d’une intéressante page de précision, que l’on aimerait peut-être voir plus étoffée, sur les changements survenus dans la ville depuis les années 60.
San Francisco, la Reine de l’Ouest, la plus parisienne des villes américaines, bijou architectural, foyer de la contre-culture – même si le thème n’est pas évoqué ici – a tout pour séduire qui se promène dans ses rues escarpées, un pinceau à la main. Le pittoresque de ses funiculaires, de ses collines, de sa baie immense et de ses maisons colorées, donnent à l’illustrateur l’occasion de déployer tous ses talents.
On retrouve avec plaisir les ingrédients qui ont assuré le succès aux précédents ouvrages : de nombreuses informations pertinentes énoncées de façon claire et vivante, une visite qui nous fait profiter non seulement des monuments et lieux incontournables de la cité, le Golden Gate, Chinatown ou Union Square, mais aussi des détails insolites glanés au long des rues et des visites : un photographe dans un parc, une cabine téléphonique chinoise, une collection de vieilles boîtes aux lettres… C’est là tout le génie de la série, sa marque de fabrique et ce qui la rend unique : Sasek nous invite à baguenauder au long des rues en sa compagnie, délaissant les circuits officiels et les visites rapides, pour s’imprégner de l’ambiance, du réel esprit de la ville qu’il présente. Ajoutons à cela le souci du détail qui caractérise cet ancien architecte et les couleurs pastel et non cernées du dessin, très marqué dans son époque et pourtant indémodable, et nous obtenons un des plus beaux titres de la collection. Une citation de Kipling, en introduction, dit de San Francisco qu’ « elle n’a qu’un inconvénient : on a peine à la quitter ». On peut sans nul doute en dire autant de ce livre.