Sens interdit

Modifier un événement de l’Histoire pour imaginer les conséquences que cette modification aura sur notre monde, tel est le principe de l’uchronie, et de cette collection.
En 1918, la grippe espagnole a provoqué la mort de plusieurs millions de personnes à travers le monde. A partir de cet événement avéré, les deux auteurs de SF imaginent un monde différent du nôtre, un monde dans lequel l’odorat humain a été modifié. Chaque humain rescapé de l’épidémie, appartient à une caste, selon sa capacité à sentir tel ou tel groupe d’odeurs. On est donc un Animal, un Végétal ou un Minéral et l’on est affecté à une tâche précise. Cette société très figée est dominée par une église toute puissante et tyrannique, l’Eglise des Flagellants, qui refuse toute recherche scientifique visant à rendre aux hommes toutes leurs capacités olfactives.
Pourtant, en Suisse, une jeune chercheuse, Anne-Marianne, trouve la preuve que cela est possible. En même temps, en Tanzanie, Mathias, un jeune orphelin, a le pouvoir de tout sentir.
Les deux jeunes gens vont se trouver et comprennent qu’ils sont très dangereux pour les Flagellants. Ils peuvent faire vaciller son pouvoir. Une course poursuite infernale débute car les enjeux sont à la mesure de l’infinie variété des odeurs de notre monde …
Un bon roman, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme soutenu, où les personnages, bons ou méchants, ont de l’épaisseur, et où les questions posées sont essentielles.
L’idée de départ, la modification de l’odorat, est vraiment intéressante et originale. Cette « infirmité » olfactive permet d’asservir la population. A partir de là, les deux auteurs peuvent montrer ce qu’est une dictature, sur quoi elle s’appuie, comment elle combat toute idée de progrès et mène une propagande agressive. A méditer.