Si j'étais Fifi Brindacier

Bieub est élevée par une mère aimante mais débordée depuis la mort du père. La petite fille se réfugie dans les ouvrages d'Astrid Lindgren. Elle prend modèle sur les jeunes héros pour se comporter au quotidien, écrit de longues lettres à la vieille romancière, projette un voyage en Suède… Mais sa mère ne veut pas dépenser de l'argent en livres jugés futiles.
Curieux roman qui pourrait faire se heurter deux cultures, mais qui en fait les réunit dans un intemporel de l'enfance et de ses préoccupations. Bieub n'est pas attirée par l'exotisme de la Suède : ce sont les trames des histoires, les caractères des personnages qui l'intéressent en la projetant dans des réalités qu'elle estime au fond proches d'elle. Les adultes s'inquiètent de cette monomanie, sans voir sa nécessité à un moment familial difficile pour la petite fille. Mieux, Bieub acquiert avec Fifi et les autres un "savoir-vivre", comme l'exprime une jeune libraire : attention aux malheurs de l'autre, gentillesse, générosité… La fin double (apaisement de la mère, décès d'Astrid Lindgren) laisse supposer le passage à une nouvelle phase plus souriante. Très classique, écrit à hauteur d'enfant et illustré avec tendresse, l'ouvrage montre une profondeur d'émotions qui le rendent aussi attachant qu'une Fifi Brindacier !