Sophie Scholl, la rose de la liberté

En 1942, Sophie Scholl étudie la philosophie et la biologie à Munich. Elle a une vingtaine d’années et une haine farouche du régime nazi. Avec son frère Hans, elle fait partie des fondateurs du groupuscule la Rose Blanche, qui incite la population allemande à la révolte. Les jeunes étudiants écrivent et distribuent des tracts élaborés, écrits avec style et maniant citations et références. Mais un jour de février 1943, Sophie et Hans se font prendre par la Gestapo. Pour l’exemple, ils sont rapidement exécutés après un simulacre de procès.
Magali Wiéner le dit en préface : « Le roman historique pose le problème d’un équilibre subtil entre l’Histoire et la fiction. ». Dans ce roman en particulier, elle a choisi une voie sage, celle du récit classique qui laisse d’abord place à la grande Histoire. La narration alterne entre un récit externe des événements, factuel, et des passages du journal intime de Sophie. Les émotions de cette dernière, réelles, sont prétextes à l’exposé de la vie allemande sous la seconde Guerre Mondiale, pas forcément plus joyeuse que dans les pays envahis. L’auteur n’a pas voulu explorer les histoires familiales des héros, et, à part les pleurs de Christoph, membre le plus âgé de la Rose Blanche, qui ne pourra revoir ses enfants avant d’être guillotiné, le drame manque d’une certaine intensité propre à la vie. Après avoir agi dans l’ombre pendant plus d’un an sans aucune fébrilité malgré le danger, les jeunes condamnés se raccrochent finalement à la religion catholique (ou à Antigone, pour Sophie, p. 61), acceptant leur destin paisiblement. Ce faisant, la force de leur courage est comme écrasée, et c’est un peu dommage. Toutefois, l’écriture impeccable, la véracité des événements expliqués simplement, le dossier chronologique très clair concourent à faire de ce petit roman un excellent témoignage.