Sous l'eau qui dort

A Dentown, petite ville américaine au milieu des bois, il ne se passe jamais rien. Alors, quand trois inconnues – une mère, sa petite fille et la tante, sans compter le chat noir – sont arrivées il y a dix ans, le village entier les a rejetées, et même accusées de sorcellerie. Elles se sont réfugiées dans la forêt, et habitent une petite maison près d'un lac. Et bientôt, le lac a été le théâtre de drames mortels... le temps a passé, et aujourd'hui, les arbres s'effritent en matière noirâtre, les gens tombent malades et meurent. L'hystérie collective renaît. Au même moment, Claudia, John et Gabriel ont chacun un vœu à formuler auprès du lac maudit. Seront-ils exaucés ?

N. M. Zimmermann prend son temps pour développer une histoire aux embranchements multiples, eux-mêmes impliqués dans des passés différents, et qui convergent tous autour de ce lac. Lac aux souhaits ? Lac maudit ? Lac enchanté par les trois « sorcières » ? Les apparences seront évidemment trompeuses : sous un récit implacable, impeccable et construit pour brouiller les pistes, l'auteure fustige les bien-pensants et clame le droit à la différence, ou du moins à l'accepter. L'atmosphère sourde, presque lancinante, les personnages coincés dans une petite ville, l'horreur toute en suggestions rappellent irrésistiblement une certaine littérature anglo-saxonne. Et c'est une Française qui la porte ici à un sommet du non-dit, que chacun interprétera dans une frayeur béate. A lire le cœur et la tête bien accrochés, dès 14/15 ans.