Surf surf surf

Tout en fluidité, dans une combinaison noire, glissant dans un milieu aquatique paisible, une silhouette respire et tient fermement un surf. Les pages de garde introduisent le sujet sous forme de figurines caracolantes qui s’entraînent dans une chorégraphie de positions et de mouvements complexes, preuves d’invention et de maîtrise.

Le récit peut commencer. Un enfant dort dans un décor foisonnant. Les couleurs, l’atmosphère évoquent la Polynésie ou une nature proliférante heureuse et lumineuse.

Son discours à la première personne accompagne son désir d’accéder à la mer. Il se jette sur son vélo, écarte les animaux sur son chemin et la question répétée à chaque page « comment sont-elles ? » reste un peu sibyllines pour un non initié mais on comprend l’urgence. Le paysage s’ouvre, le foisonnement laisse place aux horizontales. Les dominantes vert, jaune de la végétation fleurie laissent la place aux bleus, verts profonds de la mer et d’un coup l’enfant nous regarde avant de se jeter sur l’eau. Sa fine silhouette noire plane, puis plonge dans la vague. Il y a de la confiance dans son geste, sécurisé toutefois par la liane attachée à sa cheville. Les images figurent le mouvement des vagues, les jeux de lumière et d’écume et les alternances de calme et de tension dans un affrontement avec la mer où se confondent nager, glisser, voler avec les éléments et contre soi-même. Il n’y a pas d’idée de lutte, mais plutôt un sentiment d’appartenance à la nature, une exaltation joyeuse pour se fondre dans l’élément primordial.

Evidemment cet album qui a du charme parlera d’abord aux amateurs ou à ceux qui aiment les sports de ce type, mais le personnage de Pascale Moisset et sa grande passion pour la mer ainsi que l’illustration d’Yves Viallard gagnent la sympathie du lecteur.