Tous ensemble

Des parents, un frère, Lucas, une sœur, Lucie et le dernier né, Polo, le narrateur un peu coincé.

On est en ville, dans un décor moderne d’encombrements, de vie trépidante où régulièrement le recours à la pizza traditionnelle du jeudi facilite la vie.

Or, un soir, l’enfant entend parler de « monter [une] boîte » et chose étrange, n’est pas autorisé à faire le coulis de la pizza, tâche qui lui incombe rituellement.

Le jeune lecteur partage la perplexité du narrateur « il se passait un truc pas normal ».

Charlotte Moundlic et Olivier Tallec excellent à peindre des personnages très naturels dans une situation angoissante pour un enfant qui se sent écarté des préoccupations parentales alors qu’elles ne peuvent pas le laisser indifférent.

Un instant soulagé, la « démission » de sa mère de son travail lui semble anodine mais les conséquences sur leur vie vont se découvrir graduellement.

Lorsque les enfants entendent qu’elle va monter une coopérative de compote bio avec des femmes réfugiées, ils sont contents puisqu’elle l’est. Mais lorsqu’il est question d’utiliser une de leurs trois chambres en bureau, les oreilles se dressent et ils perçoivent vite la menace.

Le débat va donc être simple : qui renoncera à sa chambre ? Qui de Lucie ou de Lucas accueillera Polo, le petit narrateur ?

Les auteurs racontent une comédie familiale bien cernée : les égoïsmes, les médiations, les négociations de la fratrie déchirée. Les grands principes de la démocratie, égalité, liberté sont invoqués quand cela intéresse Lucie ; Lucas, l’aîné, se sauve chez des copains… quant au principe de fraternité, il semble ignoré.

Ce débat important est agrémenté de péripéties comiques, bouchon coincé dans la tuyauterie, maman aux urgences pour un pied endommagé, inondation chez le voisin. Bien sûr, dans cette famille vivante secouée par une crise, la solution heureuse va venir du petit dernier.

Un roman alerte sur un sujet contemporain dans l’air du temps pour offrir un miroir à de jeunes lecteurs.