Trois contes

Une petite fille va au parc avec sa poupée, elle y croise deux petits oiseaux avec qui elle joue, au bout d'un moment les petits oiseaux décident de partir et la fillette, fâchée les enferme dans un sac. Surgit un gros chat qui mange la méchante fillette sans prendre gare aux deux oiseaux qui s'envolent bien tranquillement.

Un chiot se laisse malencontreusement aller et fait une petite flaque sur le pas de porte de Rose Sweet. Celle-ci, outrée lui balance un coup de pied dans le derrière. Le chiot monte alors sa vengeance à l'aide d'un bon gros toutou, ils sonnent chez la vilaine et s'enfuient aussitôt. Rose Sweet, qui loue des chambres, imagine que c'est un potentiel locataire et se dépêche d'ouvrir la porte : personne. Les deux comparses recommencent plusieurs fois jusqu'au moment ou la dame complètement affolée « se pend dans son jardin à la branche d'un poirier ». Elle était si hargneuse qu'il n'y eut personne à son enterrement sauf les deux chiens…

Une discussion entre un crocodile et une autruche tourne autour de la beauté des plumes de l'oiseau. Celle-ci, infatuée de sa personne et particulièrement sotte ne se lasse pas de se mettre en avant et de critiquer la laideur du crocodile. Elle ose même le traiter de vaurien.Le crocodile lui dit « D'abord vous commencez à me raser, vous,avec vos façons de parler allig à tort et à travers : sachez que je ne suis pas un grand vaurien mais un grand saurien ». Sur ce, une balle tue la belle et une seconde le malin. Plus tard, dans Bond Street, une jeune femme sortira d'un portefeuille en crocodile de quoi payer les plumes d'autruche qu'elle convoite.

Henri Galeron qui manie si bien la couleur et le dessin absurde (voir L'homme qui voulait apprendre à marcher aux poissons ou Dans mon oreille) a choisi trois petits contes d'Alphonse Allais pour les illustrer en noir et blanc avec un trait d'une infinie précision. Il en fait de petits tableaux encadrés d'un fin trait noir délicieusement méchant et délicatement vicieux.

Le duo Allais Galeron fonctionne à merveille. Ces deux galopins ont tant de points en commun à commencer par leurs mauvais résultats scolaires, qu'on imagine sans peine avec quel plaisir ils auraient travaillé ensemble, alors que presque un siècle les sépare.
Les deux ont trempé leurs plumes respectives dans le vitriol pour notre plus grand plaisir.
Ce sont de petits bijoux d'ironie, d'humour, de mauvaise foi, que ces tout petits livres qui tiennent tous les trois dans un charmant coffret. À lire à tout âge.