Trois (ou quatre) amies (T. 1)

Elle sont trois, et se surnomment « les parasols de Cherbourg » eu égard à leurs vacances estivales. Sol(veig), Sand(ra), Mar(ion) correspondent toute l'année sur Internet, entre réseaux sociaux et échanges de courriels. Ce sont les meilleures amies du monde, elles se confient l'intégralité de leurs grands secrets et petits malheurs : recherche d'un père disparu, groupe de punk destroy, petits copains pas à la hauteur, sœur parfaite et mère amoureuse après un divorce, tout y passe. Arrive dans le groupe Angela, rencontrée à Cherbourg. La jeune fille est très sympathique, mais bouleverse sans le vouloir l'équilibre délicat du trio initial.

La forme peut fatiguer : les nombreux échanges sur les réseaux sociaux, même informatifs, finissent par s'apparenter à un babillage incessant, à un jeu de ping-pong verbal où les néologismes foisonnent, où les filles veulent montrer leur inaltérable énergie et partant épuisent leur lecteur. Le journal intime de Marion et les échanges de courriels, assez longs et en vraies phrases, sont les plus immédiatement compréhensibles. Cette construction survoltée, très jeune, peut donc séduire comme dérouter.
Le propos, quant à lui, reste léger puisque tout ce qui aurait pu être grave est traité à distance, sur Internet. Et les rebondissements rebondissent plutôt mal, justement, en une juxtaposition de difficultés caricaturales (voir la fin avec les photographies volées). Par instants, on comprend que les auteurs veulent garder une distance par rapport à leur ouvrage : une des amies reproche ainsi à une autre ses trop fréquents points d'exclamation dans leurs dialogues. Mais la vivacité brute et les traits impertinents (on ne peut pas vraiment parler du rire) demeurent privilégiés, au détriment du charme, de la finesse dont les auteurs seraient pourtant tout à fait capables compte tenu de leur inventivité verbale. Dommage...