Un baiser qui palpite là, comme une petite bête

Suite au suicide d'Iris, une jeune fille harcelée au lycée, un groupe d'amis poursuit sa vie quotidienne, mais quelque chose a changé. C'est que chacun avait un lien plus ou moins éloigné avec Iris et que chacun a aidé, d'une manière ou d'une autre, à tresser la corde qu'elle a utilisée pour se pendre. L'ombre de la défunte va planer sur les adolescents, s'immisçant subtilement dans leurs réflexions sur eux-mêmes pour faire remonter à la surface leurs angoisses et, finalement, les aider à mieux se comprendre durant leur année scolaire.

Dans le roman, les pensées des jeunes paraissent un peu fausses à cause de la juxtaposition d'un langage adolescent fleuri, qui vieillira probablement assez mal, d’un côté et de figures de style recherchées tout en poésie de l’autre. De plus, chaque personnage s'exprime de la même manière, ne donnant aucune voix propre aux 14 narrateurs intervenant dans le livre. Malgré ces quelques bémols stylistiques, le livre sonne très juste. Entre alcool, fêtes, drogues, harcèlement, éveil de la sexualité, jalousie, violence domestique, amour, viol, inceste, suicide, prostitution, laideur et beauté, le roman interroge : vers quoi ou qui se tourner quand personne ne semble comprendre cette génération exposée sur les réseaux sociaux ? Tous les personnages sont confrontés à une ou deux thématiques spécifiques qui, finalement, les influenceront pour le meilleur comme pour le pire. Le roman parvient à aborder très justement ces thématiques centrales dans la quête d'identité de l'adolescent en amplifiant, quasiment à l'exagération, le malaise si courant qui s'insinue en nous quand le regard des autres commence à nous importer et qu’il est temps de définir qui l’on est.

Tout ceci embrasse – tout en s'y opposant – le fil thématique qu’est le poème « Roman » d’Arthur Rimbaud qui ne cesse d’être mentionné à travers le livre, à commencer par le titre Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, dont il est une citation. En effet, ces personnages adolescents sont naïfs sur certains aspects, mais ne sont pas pour autant uniquement définis par ce trait de caractère et ressortent grandis (pour la plupart) de cette histoire.