Un loup peut en cacher un autre

Sur le même principe que l’album paru l’année dernière, Un éléphant peut en cacher un autre, Sarbacane propose cette année de se jeter dans la gueule du loup. L’éditeur a fait, une fois de plus, appel à la plume de François David et laisse libre cours, en grand format, à 32 illustrateurs. Dans cet album spectacle, on croisera ainsi des loups qui louche, des loups papa, des loups aux yeux doux ou des loups en cage. Bien entendu le loup fascine toujours, mais François David semble surtout s’en jouer et finalement s’en détourner pour faire de cet animal terrifiant un homme comme les autres. La peur est là (la peur bleue, par exemple), le petit Chaperon rouge aussi (qui rêve de trouver une clé libératrice). Pourtant, ici, ce qui frappe surtout ce sont les références dont se joue François David : un boxeur façon Arthur Cravan, un train dans la nuit façon Magritte, on pense beaucoup aux poètes surréalistes, on croise aussi Marcel Aymé de manière explicite. Et les illustrateurs se prennent également au jeu, souvent en prenant, « à la lettre » les propos de l’auteur (comme pour Katy Couprie ou Marjorie Pourchet), d’autres fois s’en détournant (comme chez Géraldine Alibeu ou chez Rémy Wyart). On aura également d’autres surprises avec l’image de Christophe Merlin, loup sanguinaire et mangeur d’enfant, rompant avec son style habituel. A l’encre de Chine, Gilles Rapaport nous montre également une autre facette de son talent. Et ce bel album n’en finit pas de nous étonner. Une belle réussite en somme pour continuer la série. A offrir sans nul doute.