Un Présent imparfait

Isabelle, dix-huit ans, anorexique, vient de faire une tentative de suicide. Ses parents la placent dans un centre spécialisé. La jeune fille commence un journal de sa lente guérison.
Jean-Marie Defossez dit s’être inspiré d’une expérience de sa jeunesse pour écrire ce roman intimiste et douloureux. Il a su se mettre avec délicatesse à la place d’Isabelle, même si le récit n’occulte pas l’aspect central du rapport au corps, avec la haine du ventre plein et la peur du bout de fromage. L’évolution psychologique de l’héroïne se fait insensiblement, en de nombreux questionnements qu’elle rapporte dans son cahier jour après jour (« Quelqu’un peut me dire pourquoi je suis pas fichue de manger comme tout le monde ? Je me déteste et j’en ai marre. », p. 21). Un contrat passé avec l’institut, la promesse d’un appartement indépendant à la sortie la poussent à manger, de manière certes forcée mais peu à peu efficace. Elle est aussi curieuse envers le guitariste Mathieu, beau et doué, qui va lui redonner définitivement l’envie de vivre et de plaire. Ce dernier personnage est assez maladroit, figure convenue du roman pour adolescents. Il n’enlève heureusement rien à un roman court au ton très juste, qui n’oublie pas de préciser que deux tiers des anorexiques ne se sortent pas vraiment de la maladie…