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Age-cible

Une aventure des Brigades du Tigre, tome 1 : Ni Dieu, ni maître

Sélection des rédacteurs
Xavier Dorison
Jean-Yves Delitte
Bande dessinée
à partir de 13 ans
12.50
euros

L'avis de Ricochet

Les Brigades du Tigre fut tout d’abord une série télévisée diffusée durant six saisons (du 21 décembre 1974 au 11 novembre 1983) sur Antenne 2. Malgré le succès énorme qu’elle remporta, la série fut malgré tout interrompue par le président de la chaîne de l'époque sans raison particulière. Pourtant, Les Brigades du Tigre ont acquis rapidement le statut de série culte.

Les brigades du Tigre racontent l'histoire d'un corps de police tout à fait nouveau, les Brigades Mobiles, créées par George Clémenceau (dit « Le Tigre », ministre de l'intérieur à partir de 1906 puis président du Conseil), et chargées par lui de lutter à armes égales contre les malfaiteurs en utilisant les techniques les plus modernes de ce début de XXème siècle (automobiles, téléphone, télégraphe, machines à écrire, boxe française, fichage des empreintes digitales, photographies, portraits robots, fichiers centralisés).L'inspecteur Valentin (interprété par l’acteur Jean-Claude Bouillon), démoralisé par l'inefficacité de la P.J. et des services de gendarmerie, demande son affectation des ces brigades dès leur création. Il devient très vite commissaire et il travaille très efficacement avec ses amis les inspecteurs Terrasson (Pierre Maguelon) et Pujol (Jean-Paul Tribout).

Les trois policiers se retrouvent sous la direction du commissaire principal Faivre (François Maistre), un patron pas franchement commode mais très respecté par ses hommes grâce à son efficacité, son intégrité et l’opiniâtreté qu’il met à les défendre.

Le 12 avril 2006 sort en salle le film de Jérôme Cornuau, avec dans les rôles principaux Clovis Cornillac (Valentin), Olivier Gourmet (Terrasson), Edouard Baer (Pujol) et Gérard Jugnot (Faivre). Il est l’un des événements cinématographiques de l’année et fait déjà couler beaucoup d’encre.

Xavier Dorison et Fabien Nury sont les deux scénaristes du film. Ce sont aussi des scénaristes de bande dessinée très connus, dont le travail est apprécié par bon nombre de bédéphiles. Dorison est l’auteur du Troisième testament, dessiné par Alex Alice et paru chez Glénat, ou de Phophet, avec Mathieu Lauffray. Nury est l’auteur de Je suis légion, dessiné par John Cassaday.

Cet album sort donc tout juste avant le film et les deux scénaristes, qui travaillent sur l’univers des Brigades depuis quelque temps déjà, sont tout à fait à l’aise et ont écrit pour Jean-Yves Delitte un excellent scénario, très solidement charpenté, extrêmement bien documenté sur le plan historique. Delitte non plus n’est pas un débutant. Cet architecte designer de formation a fait son entrée en bande dessinée dans le Journal de Tintin, dessine ensuite plusieurs séries comme Donnington, puis Les Coulisses du pouvoir (Casterman) avant de connaître un véritable succès et la consécration avec sa très belle série Neptune, inspirée de l’univers de Jules Verne (Glénat).
C’est donc avec curiosité et bienveillance que l’on se plonge dans la lecture de l’album et l’on n’est pas décu !
Dès la première planche, on fait la connaissance d’un certain Jules Bonnot qui fonce sur une route de Seine et Marne au volant d’un bolide. Il dessoude rapidement son compagnon, le trop curieux Platano, truand notoire et cousin d’un proxénète parisien tout aussi notoire, reconverti pour un temps dans le commerce des automobiles parce que « c’est l’avenir ! »,pense-t-il.

Nous sommes en automne, pendant l’année 1911, et la Première Brigade mobile est sur le pont et sur la piste de la bande de malfrats qui passera à la postérité sous l’appellation de « Bande à Bonnot ». Le commissaire Faivre, le commissaire Valentin, les inspecteurs Terrasson et Pujot ne ménagent pas leurs efforts pour arrêter les truands et mettent largement à contribution les recommandations du Chef de l’Identité Judiciaire, Alphonse Bertillon, à l’origine de la police scientifique. Ils se tiennent au courant de toutes les avancées de la technologie et de la science pour faire progresser leur enquête. Parallèlement aux malfrats qu’ils poursuivent, ils ont aussi à faire avec la P.P. (préfecture de police) qui, jalouse de leur indépendance, de leur réussite et du talent du commissaire Faivre à communiquer avec les médias, veut les discréditer et les faire tomber. Le chef de la Préfecture n’hésite pas à ourdir un complot, quitte à faire alliance avec les proxénètes !

Un très bon album, qui restitue à merveille l’ambiance des années 1910 à Paris, la manière dont travaillent les différents corps de police, les alliances troubles entre le monde de la pègre et celui de la police, les luttes dans l’ombre pour le pouvoir. On se régale, on apprend une foule de choses. La scéne où le commissaire Valentin fait avouer son crime à un assassin violeur, en lui faisant croire que ses empreintes ont été relevées sur la rétine de sa victime, s’appuyant en cela sur des avancées techniques qui n’aboutiront que 50 ans plus tard, avec un aplomb et un sens du bluff remarquables, est tout à fait réussie. Alliant aventure, lutte acharnée entre « gendarmes et voleurs », reconstitution historique précise et personnages charismatiques, l’album est passionnant à lire.

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