Une Jeune Fille et un pendu

Sous un arbre, Marc et Déborah se rencontrent. Marc a essayé de se pendre, suite à un chagrin d’amour. Déborah a subi un viol, est blessée gravement. Les deux jeunes gens comptent les feuilles mortes, les flocons (la manie de Marc), apprennent à danser, font une bataille de boules de neige… Les saisons passent. Deux corbeaux les observent, commentant les situations, devisant sur la beauté d’une femelle corbeau. Saint-Pierre arrive : il vient chercher l’âme du personnage qui est mort, pas forcément celui que l’on croit...
Première pièce de Philippe Gauthier, Une Jeune Fille et un pendu surprend. L’œuvre s’adresse aux adolescents, de par sa thématique assez dure et aussi son langage jeune, parlé voire vulgaire (beaucoup de gros mots) qui mérite une lecture au second degré. Les personnages traînent des passés difficiles, et les scènes de viol et de tentative de suicide sont décrites sans complaisance. La petite comptine « Dodo, l’enfant Do » intervient comme une ritournelle menaçante, le sommeil pouvant signifier la mort. En alternance avec ces passages, les menus racontages et querelles des deux corbeaux, Louis et Joseph, sont très drôles, des bouffées d’air bienvenues. L’arrivée inattendue de Saint-Pierre apporte un suspens, un rebondissement qui contredit le titre de la pièce pour un étonnement garanti du lecteur/spectateur. Que retirer de tout cela ? Une sensation d’étrange, peut-être un peu de malaise quant à la fragilité de la vie et surtout l’idée que Philippe Gauthier n’a pas fini de faire parler de lui : sa maîtrise du rythme, des caractères et son sens d’une complétude séduisent.