Une Lune entre deux maisons

Plume et Taciturne, assis devant leurs deux maisons, racontent leur rencontre du jour précédent. C’est l’entreprenant Plume qui a fait le premier pas, à la recherche d’une amitié. Taciturne, peureux, a utilisé le biais de la musique pour se rapprocher de Plume. Et finalement, « […] quand on est deux, c’est bien mieux » (p. 51).

L’attention des tout-petits est fragile, et leur présenter une pièce de théâtre est une gageure. Suzanne Lebeau, grande dame du théâtre jeunesse, a créé cette petite pièce en 1979, et le succès est toujours là. Avec une durée limitée, seulement deux personnages, une unité de sujet, des phrases courtes et un vocabulaire simple, elle a su leur parler. Elle joue sur leurs préoccupations intimes : l’apprivoisement délicat d’un visage nouveau, l’échange de cadeaux, la peur du loup, de la nuit… pour leur faire vivre la pièce. Les petits spectateurs s’identifient facilement à Plume ou Taciturne, personnages assexués vivant dans l’instant, représentatifs de deux personnalités typées : l’enfant ouvert au monde, l’observateur en retrait. Les deux maisons se rapprochant l’une de l’autre au fil de la pièce permettent encore une appréhension directe de l’histoire ; je passe sur les mille et un détails que Suzanne Lebeau a su mettre en place, pour le bonheur des petits et l’admiration des grands que nous sommes. A noter les instructives notes finales où l’auteur explique sa démarche.