Il est toujours plaisant de faire découvrir la photographie aux tout-petits, tant ce média apparaît plus essentiel à un âge des découvertes. Sur un format cartonné à l'italienne, Nicolette Humbert commence classiquement : gros plans frontaux des têtes du veau, du bouc, du mouton (tous les noms des animaux sont donnés à la fin de l'ouvrage). Déjà, sous la sérénité des regards, on devine les expressions de questionnement : qui est cet humain qui me regarde ? L'impression est vite corroborée par le cochon qui semble jouer avec l'appareil, laissant dépasser son groin de l'auge. Puis, l’égrenage reprend, les oiseaux après les quatre pattes. L'artiste a l'intelligence réaliste de présenter le lapin dans sa cage, et non magnifié dans la prairie verdoyante. A partir du cheval, tout bascule et le zoom se fait inventif, mettant en parallèle la corne du bélier et celle de la patte de la poule, le poil doux de la vache et la plume nacrée du dindon. Pour ces animaux, il n'y a pas de vue intégrale : on devine, on apprend. Évidemment, les nez de la souris et du chat closent agréablement le petit recueil. Évitant les dispositions classiques de l'imagier, Nicolette Humbert propose sa vision de la ferme, apparemment sans logique, toujours interrogative. Joli !

Sophie Pilaire