Y a-t-il un chien dans ce livre ?

Le narrateur externe intervient peu, seulement pour introduire André, Mini et Lunatic, les trois chats complices, et pour refermer l’histoire adorable. Entre les deux, les copains nous confient leur peur des chiens, leur crainte justement du petit toutou inoffensif qui les suit partout dans la maison. Ils se cachent dans le placard, sous le piano, etc. Autant de tirettes à soulever pour le bonheur des enfants. Peu à peu, Mini manifeste un intérêt pour « l’étranger », et s’approche afin de toucher cette autre boule de poils. C’est tout doux ! Effrayé par cette agitation, le chien s’échappe, et les chats vont le rechercher à leur tour. Une amitié est en train de naître, à laquelle le lecteur, interpellé, va vite se mêler.

Nous retrouvons ici les héros un peu foufous de Il n'y a pas de chats dans ce livre (Pastel, 2011), dans lequel André, Mini et Lunatic partaient à la découverte du monde. L’album est peut-être encore davantage réussi ici. D’une part l’intrigue en deux temps, avec « intégration » de l’enfant qui lit, est aussi croquignolette qu’intelligente, sur le thème de la peur de l’autre. D’autre part la construction – simple – des tirettes à déplacer offre un dynamisme rarement vu dans les livres animés : les chats se penchent vers le chien pour le caresser, ou bien on découvre leur corps tout en souplesse sous un carton. Avec un style d’illustration qui privilégie le mouvement au trait trop précis, on ne peut pas parler d’anthropomorphisme, mais de joyeuse compagnie pour le lecteur. Les chats semblent par ailleurs plus évolués que le chien, capable de s’exprimer uniquement par dessins – mais on le comprend parfaitement ! Un album très personnel, ingénieux voire génial.