Quentin Blake est l’une des figures emblématiques de l’illustration en Grande-Bretagne et partout où ses livres ont été traduits. Il a travaillé avec les auteurs les plus talentueux de son pays (Roald Dahl, John Yeoman, Hoban Russel…), la qualité des œuvres issues de ces rencontres prouve le plaisir et la parfaite entente qui ont régné entre eux. Il faudrait d’ailleurs être difficile pour ne pas apprécier Quentin Blake, cet homme heureux qui vit depuis quarante ans de sa passion : le dessin.
Né en 1932 à Sidcup, dans le Kent, Quentin blake a déjà usé de nombreux crayons à papier lorsqu’il publie ses premiers dessins en 1948 dans le magazine humoristique Punch. Il gravitait alors autour du style graphique dynamique qu’on lui connaît aujourd’hui. Blake a travaillé pour la presse jusqu’en 1988, en parallèle de son emploi de professeur au Royal College of Art et de ses collaborations avec des écrivains pour la jeunesse. Il publie son premier livre en 1960 avec John Yeoman : « A drink of water ». Bien qu’il ait été très influencé par les caricaturistes, notamment Daumier, Quentin Blake conçoit ses dessins comme de vraies mises en scène, rien dans la construction n’est le fruit du hasard. Son style donne vie à l’histoire sans la figer pour laisser l’imagination du lecteur travailler.
Quentin Blake a débuté l’illustration pour enfant à une époque où elle était tout juste tolérée, mais en 1988, il a été décoré par la Reine d’Angleterre de la médaille de l’Order of British Empire pour l’ensemble de son œuvre.
LA VIE DE L’IMAGE
Forte de plus de deux cents livres, l’œuvre de Quentin Blake est une référence incontournable du livre jeunesse. Il a illustré les textes d’auteurs aussi fameux que Russel Hoban, John Yeoman ou encore l’immense Roald Dahl.
Blake est avant tout un illustrateur de talent. Son style particulier s’inspire énormément des caricaturistes de presse, fonction qu’il a occupée pendant de nombreuses années et qui a vu ses débuts. Ses personnages hachés provoquent d’abord une réserve de la part du lecteur habitué aux images fines et rondes. Cependant, on se laisse vite prendre par la force et l’énergie qui se dégage de ses dessins. Blake lit intensément ses textes avant d’en dessiner les personnages, il dit s’en imprégner jusqu’à ce qu’ils apparaissent naturellement à son esprit. Tout le talent de son graphisme est donc d’être suffisamment approximatif pour ne pas enfermer l’imaginaire. Les couleurs pastel souvent associées à son dessin participent aussi à l’évanescence des images que le lecteur perçoit comme des visions.
Quentin Blake est un acteur du mouvement, il traduit la vie du livre. Les paroles d’un personnage influenceront son apparence selon qu’il est en colère ou qu’il est heureux.
L’univers de Quentin Blake est peuplé d’animaux et d’humains, mais la frontière entre ces deux espèces ne paraît plus si évidente qu’on veut bien le dire dans ses histoires. Le fantastique est un des éléments qui rend le dessin si magique et les situations si crédibles. Blake a donné la vie à un clown, la parole aux animaux et tente aussi d’enlever la méchanceté de certains hommes.
La force et le savoir-faire de cet auteur complet éclatent dans plusieurs albums qu’il a réalisés tout seul après de nombreuses collaborations. Il suffit de lire Clown, un album sans texte pour comprendre que le dessin de Blake raconte une histoire en soi. Il traduit l’essence des mots en image. A la fin de la lecture, des sentiments des fixent dans votre esprit, mais aussi une histoire, alors que vous n’avez vu que des dessins. A aucun moment le mot tristesse n’est écrit à côté de cette petite fille qui a perdu son clown favori, ce jouet dont elle ne se séparait jamais, pourtant ce visage restera gravé dans votre esprit comme un chagrin que vous auriez pu avoir. Quentin Blake sait dessiner les sentiments, mais jamais il ne les travestit.
Par Aurélien BUTON, étudiant en DUT métiers du livre à l’IUT Paris 26/2/2001
"Quentin Blake est un dessinateur dont le nom s'associe tout naturellement à celui de l'écrivain anglo-norvégien Roald Dahl Il illustre par ailleurs beaucoup d'autres nouvellistes anglais, mais c'est surtout dans les récits "extravagants" de Dahl que l'on voit ce que peut donner une complicité d'imagination entre un écrivain et son illustrateur décidés l'un comme l'autre à conquérir l'écoute des enfants lecteurs de quelque nationalité qu'ils soient."
Janine Despinette
