Rouge

Seymour est un loup atypique, qui n'aime ni la viande ni la violence. En désaccord profond avec sa famille, il se réfugie dans une petite maison où il peut s'adonner aux plaisirs de la lecture et de la cueillette. Une nuit, sur la plage, il trouve une fillette enveloppée d'une cape rouge. Elle s'enfonce dans les vagues ; Seymour la sauve et l'apprivoise peu à peu. Une vie commune s'installe, centrée autour des histoires lues par Seymour. Au fil des ans, celle qui s'appelle Rouge grandit, tandis que Seymour vieillit. A regret mais décidée, Rouge s'en va vivre sa vie ailleurs. Des années plus tard, elle revient à la maisonnette en faut de la falaise. Tout est en ruines et Rouge reconnaît les lieux grâce à des fragments de meubles et de porcelaines. Seymour restera toujours dans son cœur, puisqu'elle a même appelé son fils de ce joli prénom. Quelle étrange et magnifique variation du Petit Chaperon rouge ! L'auteur y adjoint des thèmes sensibles, tels que le droit à la différence (Seymour), la maltraitance des enfants, la résilience (Rouge)… Les rôles du loup et de la fillette n'ont plus rien à voir avec le conte original, et pourtant on aime follement retrouver des indices. Dans cet ordre d'idées, les objets de la maison sont des gardiens de la mémoire propres au merveilleux : ils observent Rouge et Seymour, commentent les situations, et donnent chair à l'histoire. Entre chandeliers, théière et grosse commode, j'ai un peu pensé à Walt Disney… On passe ainsi de la concision grave d'un narrateur égrenant les événements à un bavardage d'objets sachant pourtant rester profond. A lire et disséquer sans hésiter pour réconcilier la légende au contemporain.

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