Le vélo géant

Martha adore son tricycle. Mais elle aime encore plus le vélo d'adulte, le vélo géant que lui offrent ses parents. L'apprentissage est difficile, heureusement encouragé par Peter, venu travailler quelque temps à la ferme. Peter a toutefois un secret encore plus sympathique : il dessine. Il enjolive, il met en fantaisie la réalité. Martha adore ses crapauds à vélo, ses montgolfières et ses oiseaux libres. Puis Peter s'en va. Puis Martha grandit. Des années plus tard, Peter se rend à un spectacle de cirque. Il y découvre Martha, dans un numéro à vélo, bien sûr…

Bande dessinée extrêmement mince, album pas comme les autres, histoire presque sans paroles, Le vélo géant étonne. Et touche aussi, par la grâce de ses images au trait fin, clair. L'atmosphère est souvent saturée de soleil ou d'éclairage (le cirque), dans des jaunes chaleureux qui n'excluent pas le nostalgique du presque sépia. L'héroïne connaît bien des mini-drames du quotidien !

Tout simplement, il s'agit ici de grandir, de se construire ; le vélo qui trace la route est un symbole fort. En moins de quarante pages, nous voyons donc Martha passer de l'enfant qui pleure à la femme qui aime. Il est question de création aussi : l'artiste est au cœur du livre, entre croquis griffonnés à la campagne, décors de théâtre, cirque un peu expérimental… La collection Somnambule a quelque part vocation à surprendre, à exiger une participation de son lecteur. C'est ici chose faite, et bien faite.