ABCdaire : mon premier imagier photo

Un beau format carré cartonné offre un écrin aux objets familiers, sagement cadrés par les photos de Nathalie Seroux. Très colorés, très nets, ils se présentent au regard du tout-petit dans un désordre apparent. Des liens ténus existent entre les objets. Par exemple, le Canard jaune sur fond bleu se prolonge par des Cahiers jaunes sur le même bleu ; un Dragon côtoie un Diadème. Univers du conte ? Hasard provoqué pour favoriser la création d’histoires ? Volonté d’imiter les binômes imaginatifs de Gianni Rodari ? A chacun de jouer avec les belles images proposées pour leur donner un peu de vie.

Parfois, l’image se complexifie un peu, et les images pleine page laissent la place à quatre petites qui introduisent d’autres possibilités. Les objets sont rutilants, en pleine lumière. Les photos sont soit des photos du « réel », la plus émouvante est celle d’un petit enfant qui monte les Marches ; soit des jouets ou des objets disposés pour illustrer la lettre de l’alphabet présentée en trois écritures (majuscule d’imprimerie, scripte et cursive).

Dans cet ABCdaire élégant, les couleurs se répondent deux à deux dans des équilibres subtils opposés, bleu et jaune, ou complémentaires, vert et orange. C’est chatoyant. L’ensemble paraît cependant un peu hétéroclite parce qu’il n’adopte pas de point de vue clair, ni thématique, ni esthétique, et devient fourre-tout au gré de la fantaisie de l’auteure. Sans aucun doute, on peut en compagnie d’un tout-petit prendre plaisir à sauter d’un objet à un autre mais dans l’ensemble des abécédaires, en dépit d’une belle facture, celui-ci ne fait pas preuve d’une grande originalité.