Spooky & les contes de travers (T.1). Pension pour monstres

« Il était une fois, au cœur du royaume des Contes, un Roi et une Reine qui avaient la plus étrange des enfants. Sa peau était blanche comme le lait, et ses cheveux d’un noir de jais…Bla, bla, bla…Cette princesse, c’est moi…et voilà bien tout mon désarroi… »

Comme toute princesse qui se doit, Spooky, à sa naissance, a reçu un don de sa marraine, à savoir « une imagination fertile et très très volubile ». Ce don s’il peut se révéler très utile peut également être très agaçant. Aussi les parents de la jeune princesse voient-il comme une bénédiction le séjour qu’elle s’apprête à faire dans la pension londonienne dernier cri de ses oncles, les trois petits cochons. Dès son arrivée, Spooky, au lieu de se laisser gâter par les services diligents de la conciergerie 6 étoiles qui a fait le succès de la pension où elle séjourne, s’attèle à la tâche. Des pots de la délicieuse confiture aux fruits rouges ont été vidés. Le coupable se cachant très certainement dans la pension des trois petits cochons, il faut le retrouver avant qu’il ne réitère son méfait ! Courageusement Spooky souhaite accomplir pour ses oncles cette mission, mais les incidents se multiplient, on a notamment tout récemment sectionné deux boutures que Hortense chouchoutait en vue du concours de beauté horticole du comté de Grantham. La jeune fille est acculée et doit faire fonctionner ses méninges et vite ! Parviendra-t-elle à élucider ces différents mystères et à arrêter le malfaiteur avant qu’il n’entache la réputation de la pension de ses trois oncles ?

C’est une bd d’un genre nouveau que proposent Carine-M et Elian Black’Mor à leurs jeunes lecteurs, une bd qui fait exploser les codes graphiques habituels. Nous avons en effet entre les mains un journal intime où sont consignées les aventures de l’héroïne agrémentées d’illustrations. Que ce soit le texte ou les images, ça déménage et c’est le règne du second degré et des clins d’œil littéraires ou musicaux, esprits étriqués s’abstenir ! L’on sent vraiment le plaisir qu’ont eu l’illustratrice et le scénariste à réaliser conjointement ce livre, plaisir contagieux, même si parfois l’on se perd dans la page tant elle fourmille de détails et de nota bene drolatiques. La version subversive et décalée des contes classiques qu’offre cette bd renouvelle l’attrait qu’on pouvait leur porter « jadis » quand on les découvrait. Aujourd’hui, filtrés à travers les aventures de cette princesse espiègle, au look gothique et à la silhouette tim-burtonienne délibérément moderne et féministe, ils ne nous font plus peur, mais nous font rire et ça, ça fait du bien !