Akki. Le clan disparu

Au cœur d'une ère glaciaire de la Préhistoire, le jeune Akki peine à trouver sa place dans le clan qui l'a recueilli après la disparition des siens. Seule la vieille chamane Olma le défend. Mais la tribu a un problème plus urgent à affronter car la neige ne fond pas et les troupeaux de rennes manquent. Comment se nourrir ? Olma rappelle alors une comptine que chantait Akki tout petit : elle parle d'une vallée, de poissons. Le reste du groupe se moque ; Olma et Akki vont devoir partir seuls à la recherche d'un moyen de subsistance nouveau.

C'est un tome unique, une belle histoire qui aurait pu faire un roman junior classique, impeccable. En bande dessinée, tout change : les larges dessins aquarellés suggèrent d'emblée l'omnipotence de la nature, les héros deviennent des animaux (Akki est un ourson blanc) qui eux-mêmes vont interagir avec des animaux sauvages. D'autres messages narratifs s'ajoutent donc à l'ensemble, et l'ouvrage y gagne en passion, en tension. En effet, la Préhistoire est racontée ici comme une période extrêmement rude, mais aussi où les solidarités au sein du clan existent avec force.

Sans être spécialiste, j'imagine une certaine vraisemblance dans la vie quotidienne et dans les détails des dessins. Certains hommes (enfin, ici animaux) ont sûrement dû oser, innover pour survivre et nos deux héros pas bravaches en sont de parfaits exemples. Mais l'amitié avec un bébé mammouth relève de la fiction, et elle est enthousiasmante pour un jeune lecteur. Maniant donc une variété de registres de lecture, l'auteur et dessinateur réussit une bande dessinée aux tons (évidemment) froids qui pourtant échauffe et réchauffe les cœurs.