Maman ours

Michel l'ours vit tout seul au fond de la forêt. Attention, cela ne veut pas dire qu'il ne se tient pas au courant de ce qui se passe dans le monde ! Il sait faire ses courses avec son caddie, exiger le droit de retour, chercher des recettes de cuisine sur Internet… Justement, Michel, qui adore les œufs, a besoin de quelques spécimens issus d'une oie. Il trouve assez facilement quatre beaux œufs, mais est rapidement confronté à un énorme problème : ses ingrédients éclosent ! Et les oisons identifient immédiatement Michel comme leur maman.

L'ours bougon a beau tout faire, les chasser, les abandonner, tonner de la voix, les oisons ne veulent pas le quitter. Mieux, ils l'imitent ! A bout de nerfs, Michel finit par accepter leur présence, et même à son tour à s'adapter à leurs habitudes. Les petits grandissent. La migration approche, l'espoir de Michel renaît. Mais non, les jeunes oies s'équipent de manteaux et de bonnets pour rester l'hiver avec leur « maman ». Alors, la petite famille fait ses bagages, direction les plages de Miami… Michel peut enfin faire la sieste !

L'histoire est peut-être déjà vue, mais toujours séduisante : la rencontre de l'innocence aimante (et bornée) et du misanthrope odieux (qui cache un cœur d'artichaut). Ici, elle se mâtine d'un peu de modernité au fond de la forêt, et adopte la juste dose d'anthropomorphisme (Michel devant son écran d'ordinateur, les oies adolescentes avec leurs casques sur les oreilles) tout en respectant les besoins biologiques de chacun (l'hibernation de Michel, la migration des oiseaux). Elle devient ainsi hilarante, racontée sur un ton bonhomme qui ne trompe personne.

Les illustrations font la différence et rendent l'album unique. Rondes, elles ne sont pas mièvres, mais drôles avec tendresse. Elles observent finement l'animal et lui distillent une juste dose d'humain. Elles soignent les décors forestiers, et aussi les cadrages. Lorsque les oies suivent Michel pas à pas, les scènes sont ainsi souvent vues de profil afin de montrer les « ressemblances » des bébés avec leur modèle. On les entendrait presque cacarder ! L'ensemble ne souffre pas de faiblesse, et on sourit avec ébahissement jusqu'au rebondissement final. Une réussite pleine de bonne humeur !