La danse de la mer

Dans le mouvement des eaux vertes et noires se joue un drame entre une flotte de gros bateaux massifs qui peu à peu arrache à une flottille de petits bateaux les poissons colorés qui peuplent la mer. Drame sans parole, tout en mouvements ondulants, cette lutte réveille des femmes-poissons. Alors se met en place un ballet étrange et muet où les poissons-yeux s’abritent dans le mouvement des femmes danseuses, déesses et dévoratrices. L’ampleur du mouvement devient tempête, maelström, naufrages, les lignes se creusent, se ferment et engloutissent les bateaux. Pourtant l’apaisement viendra dans le respect des équilibres, poissons protégés, pêcheurs raisonnés.

Réussir à construire en images une telle fable écologique émerveille. La finesse des traits d’encre de chine, la délicatesse des papiers découpés créent une poésie étonnamment musicale. Comme dans un opéra, chaque personnage joue son rôle. Il y a la masse des bateaux dévoreurs : ils envahissent l’image et suscitent l’effroi des poissons-yeux pour un ultime appel au secours. Peu à peu émergent les femmes : plus justicières que vengeresses, elles tracent les limites à ne pas dépasser. La couverture coffret ajouré ajoute au raffinement. Cet album ravira les lecteurs d’images experts et les rêveurs amoureux de la mer.