L'année du rat

A seize ans, Pearl vit confortablement entre sa mère et son beau-père, qu'elle a toujours connu. L'arrivée d'un bébé dans la famille ne l'inquiète pas, au contraire. Mais, quelques semaines avant la date prévue pour la naissance, la mère de Pearl décède. Ne reste d'elle que Rose, prématurée qui ressemble peut-être à un petit rat, mais bien décidée à vivre. Pearl réagit très mal, s'enferme dans sa souffrance. Au terme d'une longue année, après avoir abandonné le lycée, cherché son père biologique, cohabité avec sa grand-mère, Pearl parviendra-t-elle à surmonter son chagrin ?

Au vu de son titre L'année du rat, le roman se décompose en chapitres mois par mois. Nous suivons la narratrice Pearl et ses sentiments confus, bloqués, qui n'évoluent qu'extrêmement lentement et encore sans qu'elle en soit consciente. Aveuglée par sa douleur, la jeune fille devient égoïste. Tourmentée malgré tout par la culpabilité, elle se fait aigrie. Sa cohabitation au quotidien avec son père adoptif, avec la petite Rose, et bientôt la grand-mère, est violente, parsemée de mots et de gestes impardonnables. Les seuls moments de calme se passent en compagnie du fantôme de la mère revenu visiter sa fille aînée (le procédé littéraire est intéressant).

Par choix sans doute, le roman à la thématique très psychologique utilise de nombreux dialogues qui court-circuitent l'introspection, comme si Pearl, n'arrivant pas à mettre des mots sur sa détresse, ne pouvait que la montrer concrètement. Au final, c'est tout un ensemble d'éléments relationnels, relatés assez justement par l'auteure, qui apaiseront Pearl : attention constante de son amie Molly malgré ses propres problèmes, présence nouvelle du beau voisin Finn (un peu trop typé), rencontre avec le père biologique qui a fondé une nouvelle famille, prise de conscience que la mère adulée n'était pas exempte de faiblesses… Et surtout, le temps fait son œuvre, celui d'un deuil et d'un lent épanouissement par lequel le rat Rose atteint le statut de bébé Rose. A lire avec attention.