La ronde

Sur la page, de profil, un enfant pouce levé. Un escargot entre en scène tout en haut à gauche. Page suivante, sur le deuxième doigt levé de l’enfant se pose un oiseau. L’escargot a avancé, à peine, imperceptiblement. L’enfant n’a pas l’air de le voir, occupé par l’oiseau. A trois, l’enfant va faire apparaître sur sa main un tigre. Va-t-il croquer l’oiseau ? L’escargot chemine toujours le long de la page. Et de quatre, oui le tigre est tenté par l’oiseau tandis que naît sur le quatrième doigt un papillon…

Page à page l’univers de l’enfant se peuple. Magicien ou démiurge, de ses doigts levés émergent des animaux. Tous ont la particularité d’appartenir au bestiaire brodé par des femmes bengalies, les kanthas. A cinq, un éléphant ; à six, un paon. Les animaux s’animent, ils jouent avec l’enfant. Grâce à lui, le petit théâtre du monde se construit. A quatre pattes, l’éléphant sur la tête de l’enfant est aussi mal à l’aise que le tigre sur l’escargot, pendant que les oiseaux paradent ! Cet album sans paroles, ce livre à compter prend vie. L’enfant sagement assis au début se tourne et se retourne, il danse avec les animaux et sur le dos du cheval se met en place la RONDE !

Il émane de ce livre un grand sentiment de fantaisie, de poésie et de paix. Liberté créatrice de l’enfant qui donne vie à son monde ; liberté créatrice de l’artiste Louise-Marie Cumont qui utilise et rend hommage à un art populaire pour se l’approprier et nous le transmettre. C’est magistral.