Les grandes jambes

Marion, collégienne de 5e, a un énorme problème : elle a tellement grandi en un an qu’aucun jean ne lui va. Nous la suivons dans les magasins où elle est confrontée aux regards des vendeuses plus ou moins bienveillantes, de sa mère compatissante et d’elle-même intransigeante. Ce drame est suspendu le jour où une vendeuse lui propose un jean à revers. Rallongé, il ira comme un gant et la familiarité de Marion avec son pantalon est si grande qu’elle le nomme Jim ! Avec un tel allié, elle se sent prête à se faire voir de Grégory qu’elle adore en secret.

Obnubilée par ses grandes jambes, Marion s’empêche littéralement de vivre. Seule autorisation qu’elle se donne, sa participation à un atelier de dessin. Cette échappée hebdomadaire va se trouver valorisée par un voyage de classe : les cinquièmes vont partir à Amsterdam. Au programme, la peinture flamande et la visite de la maison d’Anne Franck. Ce séjour la bouleverse à double titre : d’une part, voir le tableau réel en grandeur nature est une révélation du lien ténu qui se crée entre un artiste et un spectateur ; d’autre part, la méditation engendrée par la visite de l’appartement d’Anne Franck l’amène à relativiser son problème de taille, l’aide à s’inscrire dans l’histoire du monde et transforme ce voyage de classe en voyage initiatique.

Sophie Adriansen construit un roman sur deux questions fondamentales de l’adolescence : le rapport au corps et devenir adulte. Avec beaucoup d’adresse et un grand naturel, elle lie les deux thèmes. Elle dote son héroïne d’un beau sens de l’observation. Amsterdam décrit par Marion se révèle plein de questionnements sur l’histoire de la ville, son évolution, la vie quotidienne. Le personnage de Marion, ses amis, ses parents, les profs, tout le monde joue son rôle avec justesse. Il y a beaucoup de tendresse et d’amusement dans l’écriture claire et élégante de l’auteure qui regarde vivre son héroïne. Un récit vif et heureux pour aider les jeunes à regarder le monde avec plus d’optimisme.